Didier Franques

RENAÎTRE pour ÊTRE













Propos recueillis par Olivier Cébe

PRÉFACE

Didier Franques est originaire du Bas-Rouergue, au sud du Massif Central. Un terroir racé : gardé au nord par la puissante forteresse de Najac, dominant au sud la vaste et riche plaine de l’Albigeois. Un plateau profondément entaillé par les vallées de la Séréne et du Viaur. Un pays aux couleurs de cartes postales anciennes.

Le commerce des hommes et des denrées traverse cette zone-frontière sur les nombreux ponts jetés au-dessus des gorges (dont le fameux « Viaduc du Viaur »). Mais cette circulation ne trouble pas un pays secret, tenace, qui tire de lui-même ses forces pour résister au temps.

Un pays qui voit passer du monde, beaucoup de monde, mais semble pourtant immuable.

Une culture enracinée.

D’ailleurs, les références de Didier Franques ne sont pas « d’école ». C’est d’une autre tradition qu’il tire son enseignement : l’école de l’observation, de l’expérience, de l’écoute. L’école qui régna sur le Vieux Continent avant l’apparition des dictionnaires et, aujourd’hui, de l’ordinateur. Cette école avait formé les docteurs de campagne présents dans chaque village comme autant de monuments, familiers de chaque maison, de toutes les générations qui s’y côtoient, soignant le fils comme ils avaient soigné la mère et sachant l’histoire intime de chacun de ceux que le même toit protégeait.

C’est de cela que se nourrit la certitude de Didier Franques : une connaissance de l’humain que détient la civilisation occidentale - notre civilisation -, forgée à l’aune d’une culture rurale. Toujours rurale d’ailleurs, essentiellement, même si elle s’est récemment installée « à la ville ».

De cela naquit ce livre : un livre dense, carré, bâti comme une pierre taillée. La pierre dont on fait les fondations.

La réflexion de Didier Franques porte sur notre comportement : né de cette culture ancestrale, inscrite dans nos gènes, d’où procède notre identité.

Car dans cette société occidentale, nous sommes toujours, pour la majorité d’entre nous, des ruraux dans notre for intérieur.

Toutefois, depuis deux à trois générations, nous nous soumettons à un mode de vie étranger : celui des agglomérations urbaines. De là un déphasage considérable.

Une sorte de déplacement des rôles s’est opéré dans notre cellule familiale : la mère acquiert une place grandissante ; le père doit redéfinir le territoire sur lequel vivent les siens ; les rapports qu’ils entretiennent avec leurs enfants sont perturbés. Chaque membre de la famille rencontre ainsi un espace rétréci ou modifié, un déséquilibre profond entre sa nature propre et les conditions qu’il subit dans cet environnement.

Des tensions puissantes apparaissent donc entre les êtres, des contraintes nouvelles qu’il nous faut affronter : la société comme les individus « ne vont pas bien ». Didier Franques en déduit que certaines maladies en découlent.

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INTRODUCTION

Dans ce livre, Didier Franques se penche sur ce phénomène et suggère que les parents d’un enfant - mieux : les futurs parents - s’attardent sur la nécessité de ménager l’autonomie de leur enfant, gage pour lui de réussite dans sa vie.

Voilà donc l’objet de ce livre : rappeler que l’essentiel c’est l’histoire de l’enfant, son histoire, celle qui commence bien avant sa naissance. Une histoire qui n’est en fait qu’une belle histoire d’amour. La nôtre, à chacun de nous. Faut-il en prendre pleinement conscience.

Ce livre traite d’une hypothèse : plus il est autonome, plus un être humain est apte à dominer les difficultés qu’il rencontre dans son environnement. Cette autonomie est l’aboutissement d’un cycle commencé dès la fécondation et dont le dénouement a lieu lors de l’accouchement.

L’histoire de l’être humain se bâtit au cours des trois phases : fécondation, grossesse, accouchement. Mais l’autonomie de l’enfant est le fait du couple parental : car c’est le comportement du couple parental et sa capacité à libérer l’enfant qui décident de son autonomie.

Alors : comment faire que son enfant soit libre et autonome ? Comment lui permettre de devenir un homme mature ? Comment lui éviter de subir les parasitages provenant de son environnement humain et culturel ? Comment le disposer à échapper aux maladies par lesquelles s’expriment en général les difficultés ? Voilà le sujet de ce livre.

Ce livre est le fruit d’une observation de trente ans d’observation. Ce n’est pas le résultat d’un savoir quelconque. Ce n’est surtout pas l’aboutissement d’une philosophie qui conduirait les lecteurs dans une direction qu’ils ne maîtriseraient pas.

En fait, ce livre peut être comparé à un regard : derrière telle maladie même physique se dessinent des schémas (schéma psychologique, schéma comportemental), fruits d’une médiocre insertion de l’individu dans son environnement, d’une insuffisante compréhension de sa nature d’être humain. Certes, nous pouvons nous sentir bien éloignés de l’être idéal. Mais nous devons trouver le moyen de comprendre comment sortir des difficultés à vivre notre vie.


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